La première chose qu’elle vit en se réveillant fût ce plafond noir au-dessus de sa tête avec la lueur d‘une bougie qui semblait léviter. La première impression qu’elle ressentit fût l’incompréhension. Puis la peur. Le premier geste qu’elle tenta de faire fût de lever sa main gauche, ce qui fût un échec puisque des cordes la retenaient. Elle essaya de bouger ses jambes, elles-aussi étaient attachées. Elle bougea dans tout les sens, essayant tant bien que mal de se libérer. Sans succès. Elle se rallongea et essaya de se calmer à grandes bouffées d’air. L’odeur de renfermé et de moisi n’était pas très agréable. La seule lumière présente émanait de l’unique bougie qui se trouvait devant elle. Tout le reste était sombre mais elle pouvait apercevoir des armoires tout autour d’elle. Quel étrange lieu. Pourquoi était-elle ici ? Que s’était-il passée ? Et … Qui était-elle ? Elle regardait le plafond sur lequel l’ombre de la bougie se dandinait tandis qu’un flot de questions la bousculait intérieurement. La panique était revenue, son cœur se contractait et se libérait à une allure hallucinante. Elle pouvait l’entendre tambouriner dans sa poitrine tellement il battait fort. Seules de petites gouttes d’eau qui tombaient sur le sol ainsi que des bruissements dans les murs se mêlaient à son tambourinement. Soudain, un bruit de porte grinçant se fit entendre au loin. Puis des bruits de pas. On venait par ici. Pour la tuer ? Certainement … Elle s’abandonna à son sort. De toute façon, elle ne savait même plus qui elle était. La porte de la pièce s’ouvrit. La captive refusa de regarder qui venait d’entrer, elle referma les yeux. Elle calma sa respiration et fit semblant de dormir. Elle entendit l’inconnu faire le tour de la pièce avant de s’arrêter prêt d’elle.

« Il faut se réveiller maintenant … »

C’était une voix d’homme, rauque et qui grésillait. Était-il malade ? Il passa sa main sur sa joue, elle était glacée et pas de ce que l’on pourrait appeler douce. Il lui sembla aussi que cette main était plus grande que la normale. Elle se risqua à entrouvrir un œil et ce qu’elle vit … L'homme fit un léger sourire avant de retirer sa main et de se présenter sous le nom de Frankenstein. Elle avait ouvert les yeux en grand. Elle ne remarqua pas tout de suite que maintenant, toutes les torches était allumées autour d’elle.
Frankenstein lui libéra son bras droit, n’avait-il pas peur qu’elle prenne la fuite ? Il marcha le long de la table en fer sur laquelle elle était allongée et détacha son pied droit. Elle se redressa sur le coté et se posa sur son coude gauche pour pouvoir lui permettre d’enlever le cordage à son bras qui la retenait prisonnière. L’homme lui détacha son dernier membre attaché, son pied gauche avant de revenir vers elle. Elle s’était assise au bord de la table et se frottait les poignets, elle baignait dans une robe de chambre blanche. Des questions, toujours plus de questions apparaissaient dans sa tête et se bousculaient. Elle n’osait cependant pas les poser. Elle n’avait plus réellement peur, elle n’avait pas de quoi de toute façon, il ne l’aurait pas libérée si il lui voulait du mal. Il l’admira un instant de la tête au pieds. La jeune femme fût gênée par ce regard. Elle-même ne se souvenait plus à quoi elle ressemblait…

« Tu es parfaite … Très bien, attends-moi là, je reviens dans peu de temps. Je vais te chercher de quoi te vêtir ainsi que de la nourriture et de quoi te désaltérer. Ensuite je répondrai à tes questions et t’expliquerai la suite du programme. »

Sur ces paroles qui firent frissonner la jeune femme, il se tourna et sortit de la pièce. Elle aurait pu en profiter pour sortir, mais pour aller où ? Pourquoi faire ? Elle qui ne savait pas qui elle était ni à quoi elle tenterait de s’échapper. Elle se leva, sa tête se mit à tourner légèrement et sa vision devînt trouble un instant. Elle s’était levée trop rapidement. Que voulait-il dire par parfaite ? Parfaite pour quoi ? Que d’interrogations pour le moment sans réponse. Elle marcha doucement en faisant le tour de la table puis apercevant un miroir, elle s’avança vers ce dernier, encadré de bois orné de feuilles d’or. Elle découvrit son reflet avec beaucoup d’émotion. Elle enleva même sa robe de chambre pour pouvoir s’admirer plus longuement et plus en détail. Au moins elle se trouvait jolie. Toutes ses pensées s’étaient évanouies un instant. Puis elle remit sa robe de chambre et continua de se regarder. Enfin, quelques minutes plus tard, Frankenstein rouvrit la porte avec sous les bras, du tissu vert, sûrement une robe, ainsi qu’un plateau où étaient disposés une cruche d’eau, un verre et une assiette avec de la viande et des légumes. Cette vision la fît saliver. Elle remarqua à quel point elle était affamée et assoiffée. Il entra avec difficulté en tenant tous ces objets et en ouvrant la porte en même temps.

« Viens donc m’aider. »

Voyant qu’il avait du mal et suivant son injonction, la jeune femme s’avança rapidement vers lui et prit le plateau dans ses mains, regardant la nourriture avec envie. Il posa les vêtements sur la table et elle fît de même avec le plateau ne quittant pas les mets délicieux et chauds. Frankenstein la somma de manger et elle ne se le fît pas dire deux fois. Il se tus tout le long du repas, elle trop absorbée à ingurgiter la nourriture, lui trop occupé à la regarder faire et à l’inspecter sous ses moindre coutures. Une fois le repas avalé et la cruche d’eau vide, elle se tourna vers le grand homme étrange, ses yeux lui demandant de bien vouloir lui répondre. Il prit alors la robe verte et la déplia devant elle avant de la lui tendre.

« Change-toi et je t’explique. »

Elle regarda la robe avant de la prendre et de l’apposer sur elle, comme si elle voulait vérifier qu’elle lui irait. Elle fit glisser sa robe de chambre au sol sans aucune gêne devant lui et enfila le nouveau vêtement d’une jolie couleur. Celle-ci lui allait parfaitement. L’homme eut un léger sourire sur ses lèvres, fier de sa trouvaille. Il lui demanda de s’asseoir et fit de même avant de commencer son récit.

« Je suis le savant Frankenstein et je t’ai transformée en lycan pour que tu puisse servir la cause des vampires. Les humains se révoltent contre eux, il leur faut donc des protecteurs et c’est en partie le rôle que tu joueras. Tu seras aussi la servante d’un haut vampire, soit honorée tu seras même sa favorite. Et ce n’est pas n’importe quel haut vampire, c’est Élisabeth Bathory. Mais avant de commencer à travailler pour elle, je vais t’apprendre deux ou trois choses. »

Elle n’en crut pas un mot. Elle, une louve au service d’un être tout autant imaginaire ? Cet homme était-il fou ? Elle allait riposter mais il ne lui laissa pas le temps.

« Je me doute que tu ne me crois pas. C'est pourtant la vérité et aura bientôt les preuves qu'il te faut pour te convaincre. »

Était-ce vraiment possible ? Pourquoi ? Pourquoi elle ? Quelles preuves ? Quand ?

« Y’a t-il un prénom qui te plairait en particulier ? »

Surprise de cette question, elle ne sût quoi répondre. C’est vrai qu’elle ne se souvenait de rien, mais comment le savait-il ? Était-ce un effet secondaire de ses expériences ? La voyant ainsi troublée, il reprit:

« J’ai lu un livre dans lequel l’héroïne s’appelait Jimena. »

Ce prénom sonnait délicieusement à son oreille. Elle fit un hochement de tête pour approuver. Mais il lui faudrait aussi un nom de famille …

« Et que dirais-tu de Jewel pour ton nom de famille ? Une autre héroïne de livre que j’ai lu… »

Elle récita dans sa tête son nouveau nom et prénom, Jimena Jewel, une consonance Anglaise … Oui, ça sonnait parfaitement. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne daigna sortir. Elle passa sa main à sa gorge et se la racla puis retenta.

« Jimena … »

Elle toussa encore un peu.

« Jimena Jewel »

C’était la première fois depuis son réveil qu’elle prononçait un mot…

Après plusieurs jours, elle repensa à cette étrange rencontre. Elle se demanda souvent comment elle avait fait pour se résigner aussi vite.